L’adolescent et le jeune adulte peut être confronté à la réalité de la mort d’un proche, comme dans le cas d’un suicide. Il peut aussi être, en plus, menacé dans sa vie même, lors d’un accident ou d’un attentat.

Pour les accompagner dans leur chemin de deuil, il conviendra de prendre en compte plusieurs facteurs :

le vécu subjectif de leur entourage : en effet, même s’ils sont moins influencés que les enfants, ces jeunes peuvent toutefois être fortement choqués par l’attitude des adultes qu’ils vont juger au crible de leurs valeurs morales. Celles-ci peuvent être : le courage, l’altruisme, le dévouement, la générosité, la vérité, la justice, etc… Si, au moment de l’événement potentiellement traumatisant ou dans son décours, les adultes se sont montrés pleutres, égocentriques, lâches, sans compassion, voire malhonnêtes ou partiaux, leur confiance en l’Humanité peut s’en trouver altérée

le vécu subjectif du jeune mal compris par les adultes : ce peut être le cas, d’une attitude jugée distante, jean-foutiste, sans compassion, fuyant les rituels, ou à l’inverse voulant participer à tout, se montrant presque hyperactif, cachant tant bien que mal, leur détresse profonde, mal comprise

l’attitude des pairs du jeune : souvent très présents dans les premiers temps, et parfois, trop vite distants ; comment supporter la morbidité ou le côté mortifère de leur ami en deuil (?).

Ainsi, celui ou celle qui accompagne le jeune, soit dans un cadre associatif ou dans un cadre de soins, doit prendre en compte ces premiers éléments. Il ou elle essaiera de mettre des mots sur ce qui peut se passer autour du jeune. Le jeune pourra, ainsi, se rendre compte que quelqu’un peut apporter des éléments de compréhension à ses réactions ou à celles de son entourage.

jeune en deuil suicideDans un deuxième temps, une approche prudente de ses modes d’attachement devient possible, tout en parlant du proche ou des proches qui sont décédés. L’évocation des qualités du défunt ou des défunts est toujours première.

L’exploration d’une éventuelle ambivalence sera plus tardive et abordée après une explication de ce sentiment.

De manière contemporaine, les circonstances de la mort du ou des proches seront relatées au début de l’accompagnement. Il conviendra, ensuite, d’être à l’écoute, mais de ne plus susciter ces confidences. Il faut les recevoir quand l’endeuillé le souhaite.

Un point fondamental est que le jeune doit se sentir « le maître » de l’entretien. Il faut se méfier du sentiment « d’emprise » qui risque d’être mal supporté par le jeune.

L’accompagnant ou l’accompagnante expliquera clairement son mode d’approche de ces problématiques en acceptant de sortir du rôle de celui qui sait. La confiance pourra ainsi s’instaurer plus facilement et durera. Tous accepteront des moments de distance et de retour dans l’accompagnement sans peur d’une rupture.

Extrait de l’intervention de Jean-Jacques CHAVAGNAT lors de la conférence de la FEVSD « Les jeunes en deuil ».